Découvrir Antibes et Picasso
Les vacances approchent et le sud de la France reste une destination très prisée, comme Antibes, et sa vieille ville qui est charmante et à découvrir. Nichée entre la baie de la Salis et le cap d’Antibes, à la frontière de la France et du comté de Savoie, la ville joue un rôle politique et militaire dès le Moyen Âge. Fin stratège, Henri IV l’achète aux Grimaldi : chaque règne consolide le port, dominé par le fort Carré qui dresse ses bastions en étoile. Terminé en 1588, donc antérieur aux constructions de Vauban, l’architecte militaire de Louis XIV, il veille sur les bateaux de plaisance ancrés dans le port. Savez-vous que les yachts les plus luxueux du monde s’amarrent au quai, dit des Milliardaires, en retrait des voiliers dont les haubans cliquettent allègrement au moindre souffle ? Visitez la vieille ville un jour de marché. Protégées des attaques des Sarrasins et des caprices de la Méditerranée par des remparts, rues et arcades s’enchevêtrent pour aboutir au cours Masséna où, sous une halle couverte bordée de micocouliers, les paysans vendent leurs récoltes aux côtés d’artisans locaux. Empruntant l’avenue étroite qui épouse le front de mer, le promeneur, ébloui par le panorama, ne remarquera pas une plaque apposée contre le mur d’une maison de pierre. Avec une phrase lapidaire, elle rappelle que le peintre Nicolas de Staël s’y donna la mort en 1955, en se jetant de la fenêtre du dernier étage. On longe l’église de l’Immaculée-Conception, dont le clocher carré était une tour de guet. À l’intérieur, près d’un tableau de Louis Bréa, un mécréant notoire fit jurer une fidélité éternelle à sa compagne Françoise Gilot. C’était bien Picasso, vous l’avez deviné, dont le musée voisin abrite des trésors. C’est là qu’en 1946 il vécut l’année la plus heureuse de sa vie sachant qu’il cherchait un atelier, le conservateur de l’époque mit plusieurs salles à sa disposition. Pablo y peignit des toiles mythologiques, imprégnées de sujets marins, explosives de gaieté et de fantaisie, qu’il légua au musée. Le bord de mer vous mène forcément au cap d’Antibes. À la pointe Bacon, faites une pause et regardez le panorama avec les yeux de Claude Monet. Un jour d’hiver, il immortalisa ce paysage de mer, bordé par les Alpes enneigées, dans un tableau scintillant de lumière.